Tu te lèves

Tu te lèves à sept heures moins cinq,
tu te rases à l’eau chaude,
tu te frayes un passage parmi les hautes herbes,
les tiges bleuâtres, les feuilles velues,
tu continues ;

Tu colmates les brèches, tu ramasses les lambeaux,
tu n’avais pas dix ans quand la guerre éclata,
tu examines les situations,
tu débites tes histoires en tranches régulières,
tu erres longuement, le soir, dans les villes étrangères ;

tu cherches quelque chose,
tu constates l’usure, tu t’impatientes,
tu coudrais que ça change,
tu te dis qu’un beau jour toutes ces structures
se disloqueront sous l’obscure poussée des grands fleuves ;

tu reste debout dans la cohue,
tu te débrouilles tant bien que mal,
tu songes à tes enfants, à ta femme,
demeurée jeune et belle en dépit des nuits blanches
tu songes aux conséquences ;

tu écris une lettre à un ami lointain,
à l’autre bout du monde,
tu dérapes le long des ravines argileuses,
tu attends l’autobus, tu a peur de la mort,
tu dénoues ta cravate,

tu as le sentiment que le problème est mal posé.

Vahé Godel

Commentaires

cat a dit…
1931
Conscience et mélodie en suisse romande

ce mois ci... vous avez beauocu lu