KurtWeil_traductions interpretées

Ballade de l’obsession sexuelle

Le voilà, l’incarnation du Diable : le charcutier lui-même ! Chien impertinent, le plus vil proxénète ! Et tous les autres sont des veaux !
Qui le fera rôtir, lui qui les allume tous ? Les femmes…
Il ne se demande pas s’il veut vraiment, il est prêt, c’est tout… C’est ça l’obsession sexuelle.
Il ne croit ni à la Bible, ni au Code civil. Il se dit le plus grand des égoïstes et sait qu’un homme est cuit dès qu’une femme l’approche ; aussi il les tient toutes à distance, en vain…
Car avant même que la nuit soit tombée, il aura succombé et joui.

Un homme en vit un autre, effrayé : un grand esprit resta bloqué au creux d’une prostituée. Et tous ceux qui virent la scène se sont bien jurés de ne pas se laisser prendre. Pourtant, qui les a enterrés ? Les prostituées ! Elles à qui on ne demande jamais si elles ont envie… Elles sont prêtes, c’est tout… C’est ça, l’obsession sexuelle !
Certains s’accrochent à la Bible, d’autres au Code civil ; chrétien, juif ou anarchiste.
A midi on se félicite de ne pas avoir craqué, l’après-midi on se targue de nobles pensées, mais le soir venu, on est invariablement étalé sur une prostitué.


Nanna’s Lied ou un chant de prostitué(e)

Au rayon des amours à vendre, j’ai débarqué à l’âge de 17 ans
J’ai beaucoup appris ; le mal était Dieu et je jouais le jeu.
On a moins de peine à s’vendre à mesure que le temps passe…
Mais j’en ai gardé gros sur le cœur…
Les sentiments ne sont plus très ardents quand on les gaspille à tous les vents.
On est humain après tout !
Et puis, transformer l’désir en monnaie trébuchante, c’est jamais marrant…
On s’y fait pourtant. Et un jour la vieillesse vous surprend…
On n’a pas toujours 17 ans.

Dieu merci tout passe bien vite ici-bas,
Passe l’amour et passent les regrets…
Où sont les larmes d’hier ? Où est la neige d’antan…


Zu Potsdam unter den Eichen

Voilà le tableau : en chemin vers Potsdam…
Un cortège funéraire, dans la lumière de midi et la poussière séculaire…
Devant un tambour, derrière un drapeau, et au centre un cercueil porté par six hommes arborant leurs casques et des rameaux de chênes.
Le cercueil porte des inscriptions rouge sang : « à chaque soldat sa mère-patrie ».
Ils reconduisent leur ami mort au front ; lui qui, pour sa patrie, a rampé dans la boue, s’est donné corps et âme..
Tombé au Chemin des dames, à lui la patrie reconnaissante !
Ils entrent ainsi dans Potsdam…
Surgit alors la police en uniforme vert : elle les tabasse tous à mort !

Commentaires

ce mois ci... vous avez beauocu lu