Pâques

quelques points de vues sur pâques par Xavier...

Astarté
La plupart des fêtes (en gros, nos jours fériés) sont des fêtes babyloniennes. Prenons Pâques. C’est un doux mélange de rites païens et chrétiens. Rapidement les autorités religieuses chrétiennes ont compris qu’il leur serait impossible de supprimer l’ensemble des traditions barbares. Fallait faire avec et composer au mieux.
Revenons à Pâques. Pour comprendre son origine, il nous faut nous orienter vers les pays anglo-saxons. Easter (Pâques en anglais) n’est autre chose que Astarte, ou Eostre (Saxe), déesse de la fécondité et de la guerre, que l’on retrouve dans de nombreuses civilisations (Ishtar chez les Egyptiens, Aphrodite chez les grecs, Ostara chez les germaniques etc, etc…).
En fait, la déesse présente différents visages à travers le monde. Les religions païennes constituaient un cadre particulièrement ouvert. Les panthéons n’étaient pas fixes et acceptaient aisément les divinités étrangères. Il en fallait peu pour qu’Astarté, d’origine Phénicienne, se propage à travers toute l’Europe, empruntant divers visages.
C’est essentiellement en tant que déesse de la fécondité qu’Astarté a obtenu ces lettres de noblesse. Son culte, était pratiqué essentiellement pendant l’équinoxe du printemps, période de productivité et d’abondance annoncée.

Les œufs
Une fête de Pâques sans œufs n’est pas une fête de Pâques digne de ce nom. Nous avons vu que celle-ci était née des anciens cultes de fertilité.
L’œuf y bénéficie d’une symbolique toute particulière : l’œuf a toujours bénéficié d’une symbolique toute particulière. Cela doit être à cause de sa composition. Dans de nombreuses mythologies, le jaune représente le dieu tandis que le blanc représente la déesse de qui il est né. L’union du dieu et de la déesse. En d’autres mots, l’univers. D’autres récits affirment que l’œuf symbolise les quatre éléments : la coquille représente la terre ; la membrane, l’air ; le blanc, l’eau ; le jaune, le feu.
Le livre sacré des anciens Finlandais, le Kalevala, raconte que Iltamara la mère de l’eau, dormait au fond de l’océan qui couvrait toute la surface de la terre. Un jour, pendant son sommeil, elle laissa apparaître son genou à la surface de l’eau. Le dieu de l’air, fasciné par cette apparition pour le moins surprenante, y déposa un œuf d’or. Ceci eu pour effet de réveiller la déesse qui s’empressa de briser la coquille. Le bas de la coque se transforma en firmament et se teinta de reflets bleutés. Le jaune se transforma, alors, en soleil tandis que l’albumen pris la forme d’une lune blanche. Le monde pouvait enfin prendre forme.
La genèse selon les Egyptiens : l’œuf est une réalité primordiale qui contient en son sein la multiplicité des êtres. Ainsi, pour les Egyptiens, une butte émergea, il y a fort bien longtemps, de Noun (personnification de l’océan). Un œuf fut déposé sur cette butte. De cet œuf jaillit un dieu, nommé Khnoum, qui se donna pour mission d’organiser le chaos ambiant et de créer, à la façon d’un potier, l’ensemble des êtres aptes à peupler notre terre.
Les Grecs inventent la greffe : en effet, ce sont les grecs qui ont inventé la greffe. C’est Zeus qui reçut dans ses flancs l’œuf qui donnera naissance à Athena. Un peu plus tard, il fera encore plus fort en cousant dans sa cuisse le futur Dyonisos et inventa la transplantation embryonnaire. Dans les légendes grecques, le serpent Ophion a pondu l’ « œuf du monde » duquel est né Appolon. Vénus serait, elle-même, issue d’un œuf jeté dans la mer et non pas d’un coquillage. Il faut croire que les pratiques reproductives des dieux n’étaient pas toujours au point.
C’est un symbole universel que se sont accaparé tous les peuples, de la Mésopotamie à l’Amérique du Nord. La naissance du monde à partir d’un œuf est une idée commune aux Celtes, aux Grecs, aux Egyptiens, au Phéniciens, aux Tibétains, au Chinois, a Japonais…..
La tradition des œufs peints semble remonter jusqu’à la préhistoire car la forme de l’œuf a toujours symbolisé la fécondité et le renouveau. Objet de culte chez les Perses, on doit à Septime-Sévère la transformation des œufs en cadeau. Ce dernier, quoique empereur, faisait sa visite matinale à la basse-cour. Telle ne fut pas sa surprise de découvrir un œuf rouge le jour de la naissance de son fils. Et voilà qu’une simple anomalie de la nature devint une tradition.
Dès le IVème siècle, un grand courant religieux souffla sur les poulaillers. La coutume voulait que l’on offrît des œufs le premier dimanche après la pleine lune suivant l’équinoxe du printemps. Cela pour une bonne et simple raison : l’église interdisant la consommation des œufs durant les 40 jours de jeûne précédant la résurrection du Christ, fallait bien se débarrasser des stocks d’œufs accumulés par les poules qui ne semblaient pas respecter la tradition. En fait, il fallait partager la surproduction.

Les lapins
Les lapins de Pâques. Vaste débat. Des lapins et des œufs : mariage contre-nature ou syncrétisme symbolique païen ?
En deux mots : le lapin est l’animal totem d’Eostre. Eostre est la version nordique d’Asterté. Asterté est la déesse de la fécondité. Le lapin est tout particulièrement fécond. La boucle est bouclée.
D’ailleurs, ça me rappelle une sombre histoire de mon enfance. Je ne devais pas avoir plus de six ans, quand ma mère éprouva l’irrésistible envie de cuisiner un lapin à la moutarde pour Pâques. Étant dotée d’un sens de l’humour particulier, quoique attachant, elle me fit croire qu’il s’agissait en fait du lapin de Pâque qu’elle avait trouvé en train de couver tranquillement des œufs en chocolat au fond du jardin. Je gardai le secret de nombreuses années, persuadé que ma mère risquait la prison, voir plus. Chaque Noël, je frémissais à l’idée qu’elle puisse trouver le Père-Noël et qu’elle nous le serve accompagné de sa purée de marron.
Je m’excuse pour cette petite diversion, mais ça me fait du bien et ça m’épargne de nombreuses séances de psychanalyse. Revenons aux lapins. Selon la légende, Eostre sauva un oiseau dont les ailes étaient gelées, en le transformant en lapin. Un lapin qui pouvait pondre des œufs.

Xavier Durand, à l'époque de comvivial
source principale : les deux babylones, aux éditions Fischbacher

Commentaires

ce mois ci... vous avez beauocu lu