Maître à danser, maître à penser
La disparition de la danseuse étoile Wilfride Piollet est une grande perte pour l’art de la danse. Nos pensées vont avant tout vers Jean Guizerix, avec lequel elle a formé, à la scène comme dans la vie, un pas-de-deux flamboyant, ainsi que vers leur fils Rémi.
Bouleversés, nous sommes, par les nombreux liens désormais rompus entre cette artiste lumineuse, forte d’une pensée brillante, et les nombreux domaines de l’art chorégraphique qu’elle aura aimé rencontrer et explorer.
Amie de longue date, elle restera ce maître à danser et à penser qui, généreusement, intelligemment, naturellement, aidait à trouver le plaisir de la simplicité à la source de la complexité.
Artiste longuement côtoyée, sa figure restera associée à son immense curiosité, son ouverture résolue vers l’inhabituel, son plaisir d’être de toutes les aventures.
Toujours émue et convaincue, elle était, à l’heure d’interpréter les rôles titres des œuvres du grand répertoire classique ou les chorégraphies d’un nouveau Ballet, se réinventant au 20e siècle.
Toujours engagée, elle était, lors de ses nombreuses rencontres avec les chorégraphes dont elle savait qu’ils participaient de la modernité de l’art de la danse. Elle était consciente du devoir de renouvellement des actes de l’art.
Pédagogue de première importance, son enseignement durant une vingtaine d’année au sein du conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, restera exemplaire d’exigence artistique et d’inventivité pédagogique. Avec le soutien bienveillant de Jacques Garnier, dès le début des années 90, Wilfride Piollet envisage l’acte pédagogique comme une expérimentation. L’invention de nouvelles voies de transmission de son art et de l’apprentissage de la maîtrise du geste dansé seront sa ligne de conduite. Elle n’aura de cesse de questionner, pour lui donner sens, sa propre virtuosité, pour et avec ses élèves.
Elle a cherché et trouvé une nouvelle voie de relecture du geste académique en laissant ouvertes les fenêtres de la modernité. Elle aura opéré une véritable transformation de la conscience du geste de l’interprète, avec ses jeux de mises en relations corporelles qu’elle nommait les « barres flexibles ».
De belles traces d’une vie dédiée à la danse resteront.
Il y a ses ouvrages, riches de sa vision de la danse et de sa méthode d’apprentissage et d’interprétation.
Il y a ce studio de danse, véritable lieu de vie artistique, où l’ambiance était à la résidence studieuse, sur l’île joyeuse de Poissy. En ce lieu, Wilfride et Jean ont aimé inviter sans retenue aucune, de nombreux artistes de tous bords. La musique, le théâtre, le cirque y auront été joués et assemblés.
Ce cirque qui nous offre d’elle l’image d’une étoile suspendue, un soir de 1980, sous le ciel du chapiteau, lors du célèbre gala de l’Union des artistes.
Simple marche sur le fil, état du funambule, dont elle aimait dire qu’il est l’essence même de l’expression poétique, où l’on est, face au vide et au danger, face à sa propre décision, sa vérité.
Jean-Christophe Paré
Directeur des études chorégraphiques
Bouleversés, nous sommes, par les nombreux liens désormais rompus entre cette artiste lumineuse, forte d’une pensée brillante, et les nombreux domaines de l’art chorégraphique qu’elle aura aimé rencontrer et explorer.
Amie de longue date, elle restera ce maître à danser et à penser qui, généreusement, intelligemment, naturellement, aidait à trouver le plaisir de la simplicité à la source de la complexité.
Artiste longuement côtoyée, sa figure restera associée à son immense curiosité, son ouverture résolue vers l’inhabituel, son plaisir d’être de toutes les aventures.
Toujours émue et convaincue, elle était, à l’heure d’interpréter les rôles titres des œuvres du grand répertoire classique ou les chorégraphies d’un nouveau Ballet, se réinventant au 20e siècle.
Toujours engagée, elle était, lors de ses nombreuses rencontres avec les chorégraphes dont elle savait qu’ils participaient de la modernité de l’art de la danse. Elle était consciente du devoir de renouvellement des actes de l’art.
Pédagogue de première importance, son enseignement durant une vingtaine d’année au sein du conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, restera exemplaire d’exigence artistique et d’inventivité pédagogique. Avec le soutien bienveillant de Jacques Garnier, dès le début des années 90, Wilfride Piollet envisage l’acte pédagogique comme une expérimentation. L’invention de nouvelles voies de transmission de son art et de l’apprentissage de la maîtrise du geste dansé seront sa ligne de conduite. Elle n’aura de cesse de questionner, pour lui donner sens, sa propre virtuosité, pour et avec ses élèves.
Elle a cherché et trouvé une nouvelle voie de relecture du geste académique en laissant ouvertes les fenêtres de la modernité. Elle aura opéré une véritable transformation de la conscience du geste de l’interprète, avec ses jeux de mises en relations corporelles qu’elle nommait les « barres flexibles ».
De belles traces d’une vie dédiée à la danse resteront.
Il y a ses ouvrages, riches de sa vision de la danse et de sa méthode d’apprentissage et d’interprétation.
Il y a ce studio de danse, véritable lieu de vie artistique, où l’ambiance était à la résidence studieuse, sur l’île joyeuse de Poissy. En ce lieu, Wilfride et Jean ont aimé inviter sans retenue aucune, de nombreux artistes de tous bords. La musique, le théâtre, le cirque y auront été joués et assemblés.
Ce cirque qui nous offre d’elle l’image d’une étoile suspendue, un soir de 1980, sous le ciel du chapiteau, lors du célèbre gala de l’Union des artistes.
Simple marche sur le fil, état du funambule, dont elle aimait dire qu’il est l’essence même de l’expression poétique, où l’on est, face au vide et au danger, face à sa propre décision, sa vérité.
Jean-Christophe Paré
Directeur des études chorégraphiques
CNSM de Paris
Wilfride est partie le 20 janvier 2015
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