Impressions sur les rêves
Je crois que l'ombre entière de nos sommeils est livrée aux Rêves, que tout ce noir silence éclate de bruits mystérieux et profonds, et que l'âme spirituelle – enfin libre et sereine dans la chair anéantie – gravit la cime des plus monstrueuses fièvres...
J'ai connu des frissons fabuleux, des fêtes d'horreur et de splendeur. Il me semblait, aux heures de réveil, que toute la Pensée et tout l'Art venaient de vivre en moi, d'une vie intense et chimérique.
L'humanité se divinise dans le sommeil. L'âme, se sachant bien seule, joue alors ses drames et ses féeries comme une très vieille et très grande artiste, au fond, qu'elle est.
Toutes les régions idéales lui sont familières. Elle redevient universelle en la clarté reconquise de son génie.
Mais, sitôt que la paupière est éclose, l'âme, parfois, se referme et dédaigne de se rappeler.
Peut-être aussi les Rêves n'existent-ils que pour eux-mêmes et rêvent-ils seuls, sans que notre âme alors les perçoive toujours ; et je crois encore qu'ils sont plus divins en plus d'inconscience.
De certains Rêves je n'ai vu que la fin, mais cette fin, j'éprouvais la sensation de l'avoir surprise, comme une chose dont je ne devais pas me souvenir.
Il m'est arrivé enfin de crier « non » à un cauchemar ou, plus simplement, d'en rire sans l'interrompre.
Mon âme, spontanée et consciente, poussait l'art jusqu'à la rouerie, jouait sa tragédie avec délices...
Victor Remouchamps, Les Aspirations, poèmes en prose, Paris : Léon Vanier, 1893
trouvé là
J'ai connu des frissons fabuleux, des fêtes d'horreur et de splendeur. Il me semblait, aux heures de réveil, que toute la Pensée et tout l'Art venaient de vivre en moi, d'une vie intense et chimérique.
L'humanité se divinise dans le sommeil. L'âme, se sachant bien seule, joue alors ses drames et ses féeries comme une très vieille et très grande artiste, au fond, qu'elle est.
Toutes les régions idéales lui sont familières. Elle redevient universelle en la clarté reconquise de son génie.
Mais, sitôt que la paupière est éclose, l'âme, parfois, se referme et dédaigne de se rappeler.
Peut-être aussi les Rêves n'existent-ils que pour eux-mêmes et rêvent-ils seuls, sans que notre âme alors les perçoive toujours ; et je crois encore qu'ils sont plus divins en plus d'inconscience.
De certains Rêves je n'ai vu que la fin, mais cette fin, j'éprouvais la sensation de l'avoir surprise, comme une chose dont je ne devais pas me souvenir.
Il m'est arrivé enfin de crier « non » à un cauchemar ou, plus simplement, d'en rire sans l'interrompre.
Mon âme, spontanée et consciente, poussait l'art jusqu'à la rouerie, jouait sa tragédie avec délices...
Victor Remouchamps, Les Aspirations, poèmes en prose, Paris : Léon Vanier, 1893
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