On ne se refait pas

On ne se refait pas. On préfère la religion des autres, celle qu'on peut admirer à distance, avec la retenue sereine d'un faux pelerin perché sur son rocher, à l'abri des secousses mystiques et fasciné par le grouillement des croyants exotiques. On peut passer des siecles dans les temples d'autrui, à jouer au solitaire avec l'esprit des lieux, à grignoter des silences à l'ombre d'une déesse, à laisser glisser la peau de nos pieds sur le sol froid et lisse, à dévisager les entassements poussièreux de diablotins en jade, et à chercher d'où vient l'air chaud qui torture la flamme des bougies.

Véronique Durruty et patrick Guedj, in méditations