Je sais

Je sais la caresse du petit matin, l’aplomb brutal de midi,
la sournoise inversion du soir

je sais le vertigineux à-pic de la nuit et l’accablante

horizontalité du jour

je sais les hauts et les bas, les hauts d’où l’on retombe à coup sûr,

les bas dont on ne se relève pas

je sais que le chemin de douleur n’a de stations qu’en nombre limité

je sais le souffle haché, le souffle coupé, l’haleine fétide,

les effluves d’air cur et les émanations de gaz de ville

je sais les étreintes vides, la semence crachée par dépit sur la porcelaine

je sais la face du mot qui vous sera renvoyée comme un gifle

je sais que l’amitié et l’amour n’ont pas d’aubier

je sais que les amarres rompues, le cou brisé, la semelle usée

ont pour commun dénominateur la corde

je sais que la détonation contient le même volume sonore

que les battements de cœur qui bâtissent tout une vie.

j’ai vécu pour savoir et je n’ai pas su vivre.

Roger-Arnould Rivière

Commentaires

Anonyme a dit…
Roger-Arnould Rivière 1930-1959
...une protestation métaphysique et un suicide...

ce mois ci... vous avez beauocu lu