Les grands désirs ont besoin d’une grande ascèse
Il y a le vrai désir, qui doit conduire à l’extrême jubilation - réaliser un désir authentique est un exercice de vie. Prenez un gamin, tout petit, qui n’a qu’un désir : se dresser, se mettre sur le dos - une fois qu’il y est parvenu, un potentiel intellectuel se libère en lui, une immense curiosité : « Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? » Le voilà transporté par le désir d’apprendre. Mais très vite, tout un système le gangrène, par la fainéantise de son entourage : pour les parents, c’est en effet surtout une facilité de ne pas répondre à tous les désirs de l’enfant. À la place, que lui donnent -ils ? L’appétit des faux désirs. Si un enfant vous demande des livres, c’est qu’il a soif de connaissance, il faut lui être disponible. S’il demande à sortir, il faut l’accompagner. Mais si vous le trompez par un leurre, un bonbon, une vidéo, il va s’asseoir, et lentement entrer dans l’abomination des fausses sensations.
La fausse sensation vous donne l’impression d’exister. Il y a certes une « vibration », à laquelle le gamin s’accroche, mais elle est fausse. À Eurodysney, vous ne serez jamais dans une vraie voiture de course, une vraie fusée, un vrai bobsleigh. Le système le prétend, mais il ment. Quand vous y êtes pour de bon et que vous abordez le risque, la sensation doit être autrement mise en équation ! Un bobsleigh, ça peut sortir de la piste à chaque seconde. Quand vous êtes dans une voiture de course à 350 à l’heure, rien ne peut vous pardonner. Le jeu est d’aller taquiner l’extrême, qui se joue à un mètre près. Si vous freinez un mètre trop tard, vous êtes mort. Mais un mètre trop tôt, vous n’êtes pas dans la véritable sensation, qui met en jeu de la totalité du potentiel. Seulement voilà : mettre en jeu la totalité du potentiel exige un militantisme, un engagement de toute votre existence. Donc un ascétisme. Renoncer à beaucoup de petits désirs, pour laisser la place à quelques grands que vous avez choisis, voilà la règle. On ne peut pas boire de l’alcool et conduire une voiture de course. Si vous ne faites pas ce choix, vous vous habituez à ne pas chercher en vous l’énergie primordiale qui est l’exercice réel du désir. Comme si l’on voulait jouer au poker avec de faux billets. La vie vous comble en fonction de l’énergie que vous lui donnez. C’est vrai pour tout, notamment pour l’exercice intellectuel : on peut torchonner un article, l’expédier, le bâcler, mais il n’y aura pas eu de jouissance...
Or le diable veille. Le paresseux qui vous encourage à vous mettre en déliquescence, en non-réalisation de vous-même. Il vous propose des ersatz, de fausses griseries. Vous vous ennuyez ? Vous n’êtes pas vous-même ? Vous pourriez vous insurger ? Mais plutôt que de vous poser des questions, vous prenez un troisième puis un quatrième verre... Contre les tabous que vous avez avalisés, vous n’avez même pas à vous battre, puisque vous n’êtes plus responsable de ce que vous faites. Vous ne vivez pas. L’artifice vous emporte. Tandis qu’au volant d’une voiture de course (pour garder cet exemple, il y a une infinité d’autres), il n’est pas question de vous laisser aller à une illusion quelconque. Il faut donner tout son suc, dans la préparation comme dans le moment que vous êtes en train de vivre et qui vous fait entrer dans cet espace divin, qui est aussi celui de l’extase amoureuse.
C’est très judéo-chrétien, d’appeler l’extase « petite mort ». Une extase n’est surtout pas une petite mort ! C’est une explosion qui vous irradie, vous fracasse dans l’éther d’une énergie surpuissante. Si vous avez véritablement vécu cet instant, si vous l’avez partagé avec la femme [l’homme] qui était là, ce qui vous transporte... c’est qu’ensuite tout votre être en appelle à la générosité : vous avez envie de distribuer des lingots d’or ! Je crois que c’est à cela que l’on reconnaît le vrai plaisir, gain du vrai désir, qui vous mobilise en entier, corps, esprit et âme : vous vivez ensuite la sublime nécessité d’envisager la joie des autres. Alors que le faux plaisir, que vous avez mâchouillé dans votre coin, ne vous apporte rien et ne vous permet pas de faire quelque offrande que ce soit aux autres.
La fausse sensation vous donne l’impression d’exister. Il y a certes une « vibration », à laquelle le gamin s’accroche, mais elle est fausse. À Eurodysney, vous ne serez jamais dans une vraie voiture de course, une vraie fusée, un vrai bobsleigh. Le système le prétend, mais il ment. Quand vous y êtes pour de bon et que vous abordez le risque, la sensation doit être autrement mise en équation ! Un bobsleigh, ça peut sortir de la piste à chaque seconde. Quand vous êtes dans une voiture de course à 350 à l’heure, rien ne peut vous pardonner. Le jeu est d’aller taquiner l’extrême, qui se joue à un mètre près. Si vous freinez un mètre trop tard, vous êtes mort. Mais un mètre trop tôt, vous n’êtes pas dans la véritable sensation, qui met en jeu de la totalité du potentiel. Seulement voilà : mettre en jeu la totalité du potentiel exige un militantisme, un engagement de toute votre existence. Donc un ascétisme. Renoncer à beaucoup de petits désirs, pour laisser la place à quelques grands que vous avez choisis, voilà la règle. On ne peut pas boire de l’alcool et conduire une voiture de course. Si vous ne faites pas ce choix, vous vous habituez à ne pas chercher en vous l’énergie primordiale qui est l’exercice réel du désir. Comme si l’on voulait jouer au poker avec de faux billets. La vie vous comble en fonction de l’énergie que vous lui donnez. C’est vrai pour tout, notamment pour l’exercice intellectuel : on peut torchonner un article, l’expédier, le bâcler, mais il n’y aura pas eu de jouissance...
Or le diable veille. Le paresseux qui vous encourage à vous mettre en déliquescence, en non-réalisation de vous-même. Il vous propose des ersatz, de fausses griseries. Vous vous ennuyez ? Vous n’êtes pas vous-même ? Vous pourriez vous insurger ? Mais plutôt que de vous poser des questions, vous prenez un troisième puis un quatrième verre... Contre les tabous que vous avez avalisés, vous n’avez même pas à vous battre, puisque vous n’êtes plus responsable de ce que vous faites. Vous ne vivez pas. L’artifice vous emporte. Tandis qu’au volant d’une voiture de course (pour garder cet exemple, il y a une infinité d’autres), il n’est pas question de vous laisser aller à une illusion quelconque. Il faut donner tout son suc, dans la préparation comme dans le moment que vous êtes en train de vivre et qui vous fait entrer dans cet espace divin, qui est aussi celui de l’extase amoureuse.
C’est très judéo-chrétien, d’appeler l’extase « petite mort ». Une extase n’est surtout pas une petite mort ! C’est une explosion qui vous irradie, vous fracasse dans l’éther d’une énergie surpuissante. Si vous avez véritablement vécu cet instant, si vous l’avez partagé avec la femme [l’homme] qui était là, ce qui vous transporte... c’est qu’ensuite tout votre être en appelle à la générosité : vous avez envie de distribuer des lingots d’or ! Je crois que c’est à cela que l’on reconnaît le vrai plaisir, gain du vrai désir, qui vous mobilise en entier, corps, esprit et âme : vous vivez ensuite la sublime nécessité d’envisager la joie des autres. Alors que le faux plaisir, que vous avez mâchouillé dans votre coin, ne vous apporte rien et ne vous permet pas de faire quelque offrande que ce soit aux autres.
Marc Menant in nouvelles clés
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